Item : Le chanvre : culture, récolte, cassage et traitement
Général
- Titre
- Le chanvre : culture, récolte, cassage et traitement
- Traduction(s) titre(s)
- À propos de la culture du chanvre entre le mâle et la femelle, du ramassage au séchage - À propos de la préparation du four, du passage à la bréé (peigne) pour écraser le chanvre. - À propos de la vente du chanvre
- Description
Justine Rabier répond aux questions de l'enquêtrice sur la culture du chanvre. Elle explique le chemin parcouru par le brin de chanvre depuis l'arrachage de celui ne donnant pas de grain jusqu'à son tressage, en passant par la mise en haut, le séchage, le cassage des brins à la brée et le peignage. Il est précisé dans le document d'analyse de P. Morin :
- Une preuve supplémentaire que les paysans mélangeaient la notion de pied mâle plus petit et de pied femelle beaucoup plus grand. En effet c’est le pied femelle qui portait le grain que l’on arrachait plus tard en septembre alors que le pied mâle était arraché en août. La raison de ce mélange était dû au fait que les paysans se fiaient à la hauteur des tiges. Le pied mâle plus petit était pris pour « la femelle » et le pied femelle bien plus haut était pris pour le « mâle ». Pierrot Morin ;
- [...] petits paquets (grosses poignées) ;
- [...] il fallait qu’on le casse (la tige) ;
- [...] celles qui peignaient étaient en fer (ce qu’elle appelle peigner avec la brée en fer est certainement l’action d’étayer) ;
- On faisait de l’huile aussi (avec le chènevis).
Personnes
- Informateurs
- Justine Rabier
Indications géographiques et culturelles
Données d'archivage
- Cote
- UPOI_GDC_0016_0015_002
- Cote de l'item dans l'institution partenaire
- GDC 00021a piste 1 – item 008
- Remarques concernant les données d'archivage
- Cote Cerdo : DCC 01566 _ Item 008
Données techniques
- Durée estimée
- 00:02:51
Médias associés
Description
Genres
- Domaine(s)
- Témoignage
Texte/Paroles
- Paroles
Légende :
Italique : dit par l'enquêteur·trice(s) et/ou ajouts/commentaires de l'analyste
Normal : dit par l'informateur·trice(s)— Alors, vous nous parliez du chanvre.
— Oui. Et ben, le chanvre se ramasse en deux fois. Il y a Le mâle et la femelle. Y a celui là qui donne le grain, et alors, c’est la femelle qui ne donne pas de grain. On l'ramasse le premier, il est mûr le premier.
— Qu'est ce qu'on ramasse le premier ? Celui qui porte le grain ?
— Non. C'est le mâle qui porte le grain. La femelle elle a pas d'graines mais elle est mûre avant. Faut la ramasser avant. Faut passer dans l'autre sens et ramasser les...
— Comment est-ce qu'on le ramassait le chanvre ?
— Ah, on l'mettait en p'tits paquets.
— On le coupait ?
— Non.
— On l'arrachait ?
— Oui. Et on l'met en p'tits paquets. Quand il est sec, on l'emmène dans l'eau. On le met dans l'eau, [en sac?]
— Vous faisiez des p'tits paquets dans les champs, comme ça ?
— Dans les champs oui, puis on l'mettait debout pour qu'il sèche. C'était... Plusieurs paquets, on faisait beaucoup de paquets.
— C'était assez haut ?
— Ah oui c'est haut. C'est haut, comme aussi haut qu'la porte ?
— Ah bon ? Vous faisiez des tas aussi hauts que la porte ?
— Mais, le chanvre, oui le chanvre, la longueur du chanvre. C'est qu'on voyait pas dedans. Sans doute.
— Alors, vous faisiez des tas, des sortes de petites gerbes, de petits paillers quoi.
— Des tas comme ça. Des tas qu'on attachait.
— Comme des p'tites gerbes.
— Des p'tites gerbes, puis on les mettait debout un certain temps pour qu'ils sèchent. Et puis quand ils avaient bien séché, on l'mettait à l'eau. Alors, on mettait des coucheset pi on mettait des pierres dessus pour pas que ça balle.
— Où est-ce que vous alliez l'mettre dans l'eau là ?
— Ben, dans un étang ou dans un... On appelait a un réllour, je sais pas où qu'on...
— Comment vous appeliez ça ?
— Un réllour.
— Un réllour. C'est-à-dire ?
— Un carré d'eau. Il fallait descendre dedans avec des bottes, des bottes en fer. Des semelles de bois avec le d'ssus en fer.
— C'était une paire de sabots de bois... ?
— Oui. Oui, et pi c'était des tiges en fer qui montaient jusqu'au genoux. Pi alors, on pataugeait là, là-dedans. C'était les hommes qui faisaient ça ! C'était pas les femmes. On aidait, on approchait ce qu'il fallait mais c'était les hommes qui descendaient à l'eau pour mettre ces paquets de chanvre.
— C'était profond comme... ?
— Oh, ben... Profond... C'est-à-dire qu'on pouvait faire comme on voulait parce que on pouvait p'têtre [?] je sais pas. Je m'en rappelle plus, pas bien, j'étais tellement jeune à ce moment-là.
— Et ces bottes là, qu'vous nous disiez avec une grande tige en fer, les hommes les mettait juste à ce moment-là pour... ?
— Ah ben, sans doute, parce qu'on [saisit?] pas beaucoup dans ces tiges en fer.
— Mais pour aller travailler dans les champs ?
— Ah ben non ! C'était juste pour mettre le chanvre à l'eau ! Pour descendre dans l'eau mais autrement, il aurait été tout drain, tout mouillé.
— Et alors ils écrasaient ?
— C'est pas écrasé, c'était installé collé l'un sur l'autre, mettre des pierres pour pas qu'le chanvre remonte en dessus. Voyez-vous? Fallait que ce soit chargé. Après ça, il était un certain temps à l'eau, comme ça. M'en rappelle pas combien moi, c'était-t-y 15 jours ? Huit jours ? Je m'en rappelle pas bien au juste. Après c'temps là, fallait qu'il ressèche une autre fois. Fallait sortir tous ces petits paquets, les emmener dans un champs qu'était libre, un champs de blé qu'avait été coupé et on emmenait ça là. On déliait les p'tits paquets et on les étalait de façon que ça prenne... Que ça sèche. Et pi, fallait que ça soit chauffé après, fallait que ça aille au four. On chauffait le for avec deux ou trois fagots, je m'en rappelle pas bien moi, mais on chauffait le four de façon que ça sèche. Bien. Puis après tout ce temps là, fallait passer ça à la brée(//broies). Une machine qui casse le ... Le machin, la bourre qu'est dedans. Parce que le chanvre y se trouve dessus, dessus le brin. Alors le dedans du brin, fallait que ça s'casse pour avoir la chanvre. On avait des brées, on passait ça de façon que la saleté, les débris tombent, et pi après, y avait l'autre qui peignait. Une brée qui peignait.
— Ces brées là, elles étaient comment ?
— En bois.
— Elles étaient en bois.
— En bois et pi celles là qui peignaient étaient en fer.
— Y en avait deux, de deux catégories alors. On passait d'abord dans celle...
— Dans celle en bois pour qu'il casse les brins quoi, pour avoir le chanvre.
— Puis après, on passait dans celle en fer ?
— Oui, dans celle en fer. Puis on faisait, on mettait ça en poupées, on le tor[d]ait de façon... C'était long comme ça après, quand c'était bien torsé [tordu]. Pi on le vendait comme ça. Mais ça, ça se faisait l'hiver.
— Vous les peignaient aussi non ?
— Peigné comment ?
— Après les avoir passés dans ces grosses brées ?
— [?] celle là qu'était en fer. C'était la dernière cérémonie ça. C'était la brée en fer qui finissait de mettre comme il fallait.
— Vous les peignaient pas non ?
— Non, non, c'était la brée qui le faisait. Moi j'étais tellement jeune, je l'ai pas vraiment fait, ça, mais ma soeur qui vit encore, elle a 93 ans, elle l'a fait ! Mais ça s'faisait de nuit ça.
— Ah bon ? Pour peigner ?
— Sans doute ! Pour pas perdre le travail de la journée.
— Une fois qu'on avait fait ces poupines, on les laissait ?
— Et ben ? Ben c'était vendable, c'était près à livrer.
— On les vendait comme ça.
— C'est du travail ça. Mais moi j'l'ai vu et j'ai vu mes parents en ramener de ces débris qu'ils mettaient dans la cheminée, une grande cheminée. On mettait là dedans pour réchauffer quand ils avaient fini leur travail. Mais ça brulait... Ça faisait des flambées inimaginables.[Coupure]
— Vous en gardiez un peu d'chanvre pour vous pour tisser non ?
— Ah, non.
— Vous n'filiez pas ?
— Non, non. Pas d'mon temps non. Mais je sais qu'il y en a, des plus vieux que moi, ils filaient leur chanvre pour faire leurs draps. Ça s'faisait de nuit aussi, ça.