Item : Le chanvre : son exploitation, sa vente, son industrialisation

.

Général

Description

Maxime Patrouillot se souvient de la culture du chanvre, depuis son semage jusqu'à son tressage pour en faire des cordes. Son épouse et sa sœur ponctuent de temps en temps le récit par des affirmations ou des détails complémentaires.
Nous pouvons entendre des bruits de discussions ainsi que des babillements d'enfant en bruit de fond. Il est précisé dans le document d'analyse de P. Morin :
- (parle du système de séchage, dans l’usine à chanvre, du chanvre après avoir roui....) Alors i plaçait sa chanvre [...] (voulant dire qu’il pouvait placer le chanvre sans abîmer la tige) ;
- C’était importé d’Italie, la grosse machine, le gros tuyau (parle ici du tuyau pour sécher le chanvre...) ;
- On a encore les brês (broyeurs à chanvre) ;
- La date proposée par le témoin est douteuse. On entend parler de : «...en 70... » ; « ... 1830... ».... Il s’agit certainement de 1930.... ;
- Un petit cultivateur qui faisait valoir 3, 4, 5 hectares de terre, il attendait ça (la prime de l’état, et la somme gagnée par la vente de son chanvre à l’usine).

Indications géographiques et culturelles

Lieux
Ouzilly
Langues
Français du Poitou
Contexte d'enregistrement
Enquête chez l'informateur

Données d'archivage

Cote
UPOI_GDC_0016_0007_001
Cote de l'item dans l'institution partenaire
GDC 00014b piste 1 fin - Item 020
Remarques concernant les données d'archivage
Cote Cerdo : GDC 00014 _ Item 031

Données techniques

Durée estimée
00:06:25

Médias associés

Description

Genres

Domaine(s)
Témoignage

Texte/Paroles

Paroles

Légende :
Italique : dit par l'enquêteur·trice(s) et/ou ajouts/commentaires de l'analyste
Normal : dit par l'informateur·trice(s)

— Il était en dessous ou dessus, ah dame ! Ça le chauffage, je sais pas exactement comment il se faisait. Alors il passait, il plaçait sa chanvre [?]. Tandis que dans les fours on était obligé de la casser pour la mettre sur les bordures. Pi quand elle allait par le milieu on la mettait toute droite, pi ainsi de suite tout le tour du four pi dans le milieu, le paillion qu'est dans l'milieu du four parce que le four y fait le dos, on la mettait toute droite. Tout ça se tenait, après on elle chauffait... Oh, elle chauffait douze heures au moins.
Le chanvre ?
— Oui.
Ah d'accord.
— Pi après on la broyait, chose qui se faisait également à l’usine. C’étaient des broyeuses qui venaient à l’époque d’Italie. C’était importé d’Italie, la grosse machine, le gros tuyau, c’était importé d’Italie.
Ah oui, d'accord. Mais le chanvre, vous l'faisiez rouir d’abord ?
— Ah oui !
— Ah ! Attention ! Le point de départ ! Mais il y en aurait pour une demi-heure. Il faut d’abord le semer ensuite, il faut... Puis c’est un semage et une terre bien préparée. Il faut ça. C’est du vrai jardinage. Après, nous à l’époque, il y avait le mâle et l'femelle. Alors là, les gens ils confondaient le mâle avec la femelle. Alors on appelait le premier qu’on cueillait le femelle, et c’était justement celui-ci qui fleurissait et le deuxième qui amenait le grain on l’appelait le mâle. Vice versa, c’est pas comme ça c’est l’inverse. Alors là, après, quand la première cueillette était faite on ramassait ce chanvre qu’on battait et on le faisait sécher. Et c'était là, ensuite, qu'on commençait à le faisait pourrir en un mot. En deuxième lieu, après, en septembre, on commençait, on cueillait la deuxième coupe. Alors là, on cueillait le grain et, également, on le faisait pourrir après être sec. On faisait autant pour le broyage. Alors, à l’époque, les gens vendaient le chanvre à des gens qui exploitaient l’usine, individuellement. Ou alors ils allaient au marché. Moi même I m'suis allé, la première fois c’était la foire de la Saint-Luc à Poitiers. Et moi j'y étais passé, j'ai vu. Les bonnes femmes de Ligugé, à l'époque il y avait pas de filature comme ça serait à présent ou même après, alors ils rapportaient son petit sac de chanvre. Oh, pas beaucoup, cinq kilos et ils filaient l’hiver pour faire les draps même à la campagne, chez nous.
Il y avait des tisserands ?
— Y avait des tisserands dans... Dans...
Il en existe encore ?
— Euh... Pas à présents, mais y en avait à Colombiers y a pas très longtemps !
Il y en avait à Colombiers ?
— Oh oui, ma mère, notre mère, en a fait faire y a pas très longtemps.
Un tisserand ?
— Oui !
— Oh oui.
Avec la vieille...?
— Le vieux système, oui.
— On avait 'core les broies !
— Oh bah les broies (//brês) on les a oui. On en a encore. Mais il faisait la toile !
À Colombiers ?
— Oui.
Mais le monsieur, il habite peut être encore...
— Ah, oh, il est mort y a longtemps lui. Et puis...

[Coupure]

— Et, il [espointait?] donc le chanvre comme ça. Alors là, dans c't'atelier là, d'abord il la passait, quand elle était bien sec, ils la passaient à une casseuse, que ça s'appelait. Ils la pilonnaient et il la passaient dans une casseuse qui tournait, qui la coupait en trois. Le pied, le moyen et la tête. Alors, ils faisaient des p'tites poupées qui étaient de cette grosseur et après tout le fin, tout le fin, ils emboîtaient ça dans des petites caisses qu’ils expédiaient... Ah, ça ?
— Ça s'vendait cher.
— Ça s'vendait très cher le milieu ! Pi alors, les deux extrémités, ils faisaient donc les cordages : les cordages de navires, nos cordages à nous pour se servir, puis enfin, l’agriculture, tous s'en servait. Pour faire ces cordages, il fallait des cordiers. Alors ce cordier, y en avait plusieurs cordiers. Moi j’ai même tourné la roue à aider en s’amusant. Alors il faisait un fil qui était gros comme ça, ce fil qui était tourné, tourné... Ils l’expédiaient également ça, dans des grands centres...
Les cordiers, il y en avait ? Il en reste bien ?
— Oui il y en avait un...
— Oh l'on sait plus maintenant...
— Si, il y avait un cordier...
— Bah oui mais...

[Coupure]

— Il y avait un charretier.
— Oui, pour expédier le ...
— Qui expédiait le chanvre travaillé. Tous les jours, il faisait un tour ou deux à la gare de Saint-Genest. Mais par contre, en revenant il rapportait du chanvre qui venait d’Italie. C'est ça, à l’époque on était concurrencés par l'Italie. Comme on le serait par exemple par les légumes à l'heure qu'il est, si on va par là. Alors là, c’est là que la récolte s’est un petit peu amoindrie. Les gens à l’époque, ils touchaient une prime pour la culture du chanvre. Comme y en avait pas pour la peine, à un moment donné le gouvernement s’en est pas intéressé. Et puis alors, c'est là que ça s’est perdu...

[Coupure]

— En 70...
En 1830 oui ? Vous disiez en 1830 ?
— Oh, j'affirme pas ! J'affirme pas... Moi je l'ai vu rouler, travailler, travailler, mais c’est bien dans ces époques là... C'était, du reste, ce qu'on appelle un petit cultivateur qui faisait valoir quatre, cinq hectares de terre, trois, quatre, cinq hectares il attendait ça pour payer sa ferme. Fallait liquider ça, oh y a peu de choses... Il y avait la chèvre, le mouton... C'était le chanvre.
Il faisait quatre hectares de chanvre ?
— Ah non !
— Oh non ! Mais enfin, il comptait là-dessus. Et malheureusement...
Chaque agriculteur vivait du chanvre quoi ?
— Oh n... Oui ! Il comptait là dessus pour faire un paiement quoi.

Voix/Instruments