Item : Déclin de la langue française
Général
- Titre
- Déclin de la langue française
- Description
Marie Félix évoque le déclin du français liée à plusieurs types de facteurs au fil du temps : la guerre de 1939 et l’école imposée en anglais, les mariages mixtes dans les années 1950-60, ainsi que l’arrivée de la base militaire anglophone de Stephenville, là où il n’y avait que des fermiers.
Personnes
- Enquêteurs
- André Magord
- Informateurs
- Marie Félix
Indications géographiques et culturelles
- Lieux
- L'Anse-à-Canards
- Langues
- Français de Terre-Neuve
- Contexte d'enregistrement
- Enquête chez l'informateur
Données d'archivage
- Cote
- MFLA_MAG_0002_0002_015
- Cote de l'item dans l'institution partenaire
- C13106 - 15
- Remarques concernant les données d'archivage
- - Copie numérique Ressources culturelles franco-terre-neuviennes. - Document déposé au Centre scolaire et communautaire Sainte Anne, La Grand Terre, octobre 2010 par Ronald Labelle. - Inventaire par Steeve Ferron.
Données techniques
- Durée estimée
- 00:04:27
Médias associés
Description
Genres
- Domaine(s)
- Témoignage
Texte/Paroles
- Paroles
Légende :
A.M. : dit par l'enquêteur
Italique : anglais
Normal : dit par l'informateur·triceA.M.— Et… Oui, alors quand qu’on disait… À votre avis, c’est quand que le français a été le moins fort ?
M.F.— Oui, bien, c’est, comme je vous dis, asteure, c’est quand que les enfants avont grandi puis quand l’école… avec l’école et tout ça, bien là… Mais dame…
A.M.— Ce que je voulais vous demander, c’était quelle date, quoi. Vous savez à peu près ?
M.F.— Ah, cher… À quelle date… Quelle date… Dans les 1930… 39 ? La guerre a commencé. Bien, je pense bien.
A.M.— C’était important la guerre ? Vous aviez peur ici ou vous pensiez que ce n’était pas vous qui étaient en guerre ?
M.F.— Ah, non, on avait la même… c’était tout le même sentiment, qu’ils quittiont La Barre, qu’ils quittiont ici, parce qu’il y avait beaucoup de gens de dedans ta place qui s’en allaient. Comme ça, la guerre faisait du mal à tout le monde. Oui, je n’aimais pas ça. Je n’aime pas les guerres.
A.M.— Les vieux français, qu’est-ce qu’ils disaient par rapport à ça ? Ils pensaient qu’il fallait que leurs enfants aillent lutter pour la France ou ils disaient que c’était triste d’aller se faire tuer à la guerre ?
M.F.— Oh, non, non, non. C’était tous des volontaires qui avont été, hein.
A.M.— Oui.
M.F.— Oui, c’est tout volontaire.
A.M.— Ça discutait dans les familles si on devait y aller ou si on ne devait pas y aller ?
M.F.— Bien, ça semble comme si que les enfants vouliont aller, bien, les parents trouvaient ça dur, mais si qu’ils vouliont aller, ah bien, je pense qu’ils pensiont, bien, c’est tout notre pays, c’est tous… les pays sont tous unis, hein, puis qu’ils vouliont aller, bien là, ils alliont, tu sais. Ils trouviont ça dur, bien sûr, mais…
A.M.— Dans les années 50, qu’est-ce qui s’est passé ? Ça a continué à diminuer le français dans les années 50 ?
M.F.— Dans les années 50 et 60, bien, oui. Si… Vous savez, ça que je veux dire, moi là, d’une façon, que la façon que ça a diminué, c’est parce que… O.K. Disons que mon frère a été puis il a marié une femme puis elle était anglaise. Ses petits enfants étiont anglais. Mais dans ces temps-là auparavant, parce que c’était français, bien, un français mariait un français puis les enfants étiont français. Mais après ça, quand que c’est que la génération… Comme notre génération, bien, ça a grandi, et bien, ils ont marié pas toujours une femme française, hein. Asteure, Joe Hakim, où que je reste, lui, il a marié une femme. Il a marié Yvonne, la fille à Scardin, Joseph Scardin, des Maisons d’hiver. Bien, tous leurs enfants sont français hein, parce qu’ils se parliont tous les deux en français. Mais il y en a d’autres… : ma sœur, Marguerite – qui a marié Stan Wright qui était anglais –, bien, ses enfants sont anglais parce qu’elle parlait à son mari en anglais ; bien, les enfants aussi hein.
A.M.— Ça ne posait pas de prob… À ce moment-là, comme, les français, ils se mariaient, ça leur aurait été égal de se marier avec des anglais ou s’ils ne trouvaient pas de français, il faut…?
M.F.— Oh, non, non, non, ce n’était pas de même.
A.M.— Non, ce n’était pas…
M.F.— Non, non, c’est la personne que tu étais en amour avec que tu mariais, puis c’est comme ça que ça marchait.
A.M.— D’accord.
M.F.— Oui. C’est pareil comme aujourd’hui. Ça vient encore la même affaire. Il y a beaucoup de français qui marient des femmes anglaises, hein.
A.M.— Mais ça, c’était…
M.F.— Ou des femmes, la même chose, oui.
A.M.— C’était dans les communautés, là, mais c’était pareil à Stephenville, par exemple ?
M.F.— Bien, oui, à Stephenville, moi, je me rappelle qu’à Stephenville, bien, il y avait des anglais aussi à Stephenville.
Mais avant que la base a commencé, là, vous savez, l’aéroport qu’ils avont là et tout ça, bien, avant ça, c’était comme ici, là, à Stephenville, mais c’était beaucoup plus grand. Les terres étiont grandes. C’était tout du monde, des fermiers, qui aviont des animaux et tout ça. Mais après que la base a commencé, bien, là, ça a changé, là. Ça venu en ville et puis ça… Mais c’était toujours appelé « Stephenville » anyway, parce que le vieux Stephen Gallant a été le premier qui a été né dans ce temps-là dans l’endroit. Après ça, ils avont appelé « Stephen’s Ville ». Oui, c’est comme ça que le nom a été puis ça a toujours resté. Après que la base a venu là, bien, il y avait toute sorte de monde là qui venait de partout. Bien, ça a changé, là, Stephenville, ce n’est plus la même chose depuis, non. Le monde avont vendu leur terre et puis, là, tu sais, il n’y avait plus de fermiers, il n’y avait plus rien de même, là.