Item : Conséquences de l’urbanisation et de la construction de routes

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Général

Titre
Conséquences de l’urbanisation et de la construction de routes
Enquête
Témoignage sur l'association et la langue par Marie Félix - L'Anse-à-Canards, Terre-Neuve 1990 [CA]
Description

Marie Félix évoque les conséquences de l’urbanisation, et notamment de la construction des routes ou du déplacement de villages sur l’agriculture et l’élevage : il a fallu mettre les animaux dans un parc plus loin des maisons sans surveillance et ils ont été négligés.

Personnes

Enquêteurs
André Magord
Informateurs
Marie Félix

Indications géographiques et culturelles

Lieux
L'Anse-à-Canards
Langues
Français de Terre-Neuve
Contexte d'enregistrement
Enquête chez l'informateur

Données d'archivage

Cote
MFLA_MAG_0002_0002_010
Cote de l'item dans l'institution partenaire
C13106 - 10
Remarques concernant les données d'archivage
- Copie numérique Ressources culturelles franco-terre-neuviennes. - Document déposé au Centre scolaire et communautaire Sainte Anne, La Grand Terre, octobre 2010 par Ronald Labelle. - Inventaire par Steeve Ferron.

Données techniques

Durée estimée
00:05:59

Médias associés

Description

Genres

Domaine(s)
Témoignage

Texte/Paroles

Paroles

Légende :
A.M. : dit par l'enquêteur
Italique : anglais
Normal : dit par l'informateur·trice

A.M.— Et qu’est-ce que vous pensez qu’est resté de la culture d’avant ? Qu’est-ce qui est disparu puis qu’est-ce qui est resté ?

M.F.— Bien, de quoi ce qui est resté d’avant, c’était ceux qui travaillaient la terre. Ça, ça a disparu, parce que tout le monde gardiont… aviont des animaux puis tout le monde faisaient leur jardin – ceux qui avaient de la terre, naturellement. Bien, ça, ça a disparu après que c’est… que ça a commencé à changer parce qu’ils vouliont essayer de faire une ville avec une petite… comme, des petites communautés le long de la côte qu’on ne pouvait pas faire. Bien, j’on… on a eu le pavé. Bien oui, ça, c’est bien, mais ça ne remplit pas le ventre. Mais je suis fière que je l’avons quand même parce qu’auparavant, c’était rien que de la vase et l’eau.

Mais pour les animaux, vraiment, quoi ce que c’est qu’a arrêté le monde de garder des animaux, c’est qu’ils n’étiont plus alloués de les mettre sur le chemin. Auparavant, on avait tous des animaux, mais ils pouviont… ils étiont libres d’aller manger n’importe y-où c’est qu’ils vouliont, parce que la terre est beaucoup trop étroite ici pour les « emparquer ». On ne peut pas les « emparquer » parce qu’il n’y a pas assez pour les mettre à manger au plein cœur de l’été et encore avoir du foin pour les nourrir dans l’hiver. Ce n’est pas engraissé. C’est comme bien sur des fermes, je pense, dans l’Ouest, mais pas ici.

Ça fait que de même quand que la loi a été passée qu’il ne fallait plus les mettre sur le chemin, bien, pourquoi les garder ? Fallait les mettre en bas, dans le parc, à La Barre, qui est des miles et des miles d’ici. Tu ne pouvais pas tirer ta vache. Tu n’avais pas de lait. Tu n’avais pas rien, là. Bien, pourquoi garder ? Quoi ce ça vaudrait la peine ? Tu sais, c’est bon pour…

Puis la première affaire, et bien, là, ça se détruisait à mesure. Bien, ça crevait puis ça, tu sais. Tu n’étais pas là pour y faire attention. Quant ta vache venait à la maison tous les soirs pour que tu la tires, tu savais que ta vache était O.K. Mais si elle est en bas dans un parc puis tu ne la vois pas, elle peut être crevée pour une semaine puis tu ne sauras pas.

Ça fait que de même… Ça fait que c’est ça la différence et c’est ça qu’a découragé le monde de garder leurs animaux. Moi, je sais que c’est ça parce qu’il y en a beaucoup… Il y a, bien, Patty Lainey en dehors, là, qui gardiont des animaux avec sa vache… Sa femme tiriont sa vache. Puis après ça, pas alloués de les mettre sur le chemin : O.K., bien, aussi bien de la tuer. Puis ça, j’ai trouvé dur, moi, j’ai trouvé dur au rapport que ça…

A.M.— C’était quand, ça ? C’était en quelle année ?

M.F.— Bien, ça, c’était… Ça a commencé, ça… Ça a commencé quand que les habitants de La Barre avont monté en haut, ici. C’est là qu’ils avont commencé à faire les changements.

A.M.— Qu’est-ce que vous en avez pensé, vous, des cette chose ?

M.F.— Moi, je n’ai pas aimé ça du tout. Oh ! Oui, le monde venait rester, sûr. Mais pour nos animaux, ils auraient dû toujours être alloués d’aller gagner leur vie où c’est qu’ils vouliont et aller boire où c’est qu’ils vouliont. Mais si tu es renfermé dans un parc et il n’y a pas d’eau, tu ne peux pas aller boire.

A.M.— Pourquoi ils ont mis cette loi-là ?

M.F.— Bien… Puis là, O.K., ça arrivait, ça. Bien, parce que c’est qu’il ne fallait pas avoir rien sur le chemin. Ça, asteure, ils avont passé ça, bien, fallait pas les… fallait ramasser…

A.M.— Les gens…

M.F.— Fallait ramasser les animaux.

A.M.— Les gens respectaient la loi aussitôt ?

M.F.— Bien, ça été fait ici, à L’Anse-à-Canards, puis ces bois-là.

A.M.— Puis les gens ne laissaient plus partir les bêtes ou…?

M.F.— Bien, non. Il fallait… Ils les aviont dans le parc – les moutons, tout en grand – dans le parc, à La Barre. Ça n’a pas travaillé. Ça a travaillé pour un bout. Moi, j’ai dit ça : « Avant cinq ans d’ici, vous allez voir que ça ne va plus être la même chose », puis j’avais raison.

Bien, le premier, ça avait commencé… Avant tout ça, ça avait commencé de ramasser les bœufs. C’est comme ça que ça avait commencé le premier coup. Mais ce n’est pas… Comme on dit, vous ne pouvez pas faire des grandes bâtisses avec pas d’argent. Bien, c’est la même chose. Une toute petite place ; vous faisez le mieux que vous pouvez, mais vous ne pouvez pas faire des si grandes choses que ça, si vous voulez vivre. Puis vous allez voir que si ça continue – moi, c’est ma façon de penser – que si ça continue, tous ceux qui avont de la terre sont… Les gens seront peut-être bien obligés de garder des animaux encore, puis faire la tradition comme que c’était auparavant, puis quitter leurs animaux aller manger où c’est qu’ils voulont et boire, parce que c’est la seule façon qu’ils pouvont survivre. C’est ça qui a arrivé, vous savez, ça a changé puis ça a changé puis ça a pas marché. Bien, ça marche pour ceux qui ont pas de terre, sure, sûr que oui, parce qu’ils pouvont pas en garder anyway. Puis je ne les blâme pas. Mais pour ceux qui ont de la terre, hein, ils pouvont garder leurs animaux, mais il faut qu’ils les tournent parce que c’est qu’il ne faut pas d’animaux ailleurs, en dehors.

Puis là, après ça, ils s’avont mis à… Parce qu’ici, on n’a pas de… Comment c’est que vous appelez ça, là, les conseils de ville, les councils ? On n’a pas ça ici. Dieu, merci.

A.M.— [rire] Vous dites ça à propos du Cap ?

M.F.— Bien… La misère commence quand ça commence… Bien, là, tous les endroits comme Piccadilly puis même par l’autre bord, par Stephenville et des autres endroits comme ça, où c’est qu’ils aviont des animaux, ils avont les conseils, là, puis ils pouvont pas les garder ; ils les apportiont ici puis ils les déchargiont, là, au carrefour. Puis là, tous ces animaux-là allaient en bas, à La Barre, au parc. Bien, vous ne pouvez pas dire rien, vous n’avez pas de conseil. Mais savez que ce n’est pas la justice. Moi, je dis ce n’est pas la justice. Ils avont tout pour dire : « Bien, O.K. », bien là, on pouviont avoir un petit peu de nos animaux aussi à rebours dans ce temps-là. Mais asteure, ils avont arrangé ça. Ils avont passé la loi qui sont plus alloués de les mettre ici, mais nous autres j’étions pas alloués de mettre les nôtres sur le chemin non plus. Comme ça…

Voix/Instruments